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La plume de l'alouette
64 - juillet 2023

DELAI DE CARENCE POLE EMPLOI des informations à maîtriser pour éviter les surprises !

À la suite de la rupture de son contrat de travail à l’initiative de l’employeur ou bien en cas de rupture conventionnelle, un salarié peut effectuer les démarches auprès de Pôle emploi afin de percevoir l’allocation chômage.

Cette allocation constitue un revenu de remplacement des revenus professionnels en raison de la rupture du contrat de travail, elle n’a donc pas vocation à se cumuler avec un autre revenu.

Or, les indemnités versées par l’employeur à la fin du contrat de travail constituent un revenu complémentaire. Leur versement va donc décaler le bénéfice des allocations chômage.

ATTENTION, il est important de comprendre que les différés décalent le point de départ de l’indemnisation et son terme. Ils n’ont en aucun cas vocation à diminuer la durée d’indemnisation.

Dès lors, au moment de la rupture du contrat de travail, notamment en cas de négociation d’une rupture conventionnelle, il est nécessaire d’être conscient que plus les sommes perçues à la fin du contrat de travail seront élevées, plus le délai avant la perception des allocations chômage sera important.

Ainsi, même si les conditions pour bénéficier de cette allocation sont remplies, l’indemnisation ne débutera pas dès la fin du contrat de travail. Trois délais pourront s’appliquer selon la situation du salarié. Ils commenceront à courir dès l’issue du contrat de travail et ce n’est qu’une fois ces délais passés que le salarié percevra son allocation chômage. Il s’agit :

  • Du délai d’attente (délai administratif)
  • Du différé lié aux congés payés
  • Du différé d’indemnisation spécifique également appelé différé «  indemnités de rupture  »

Le délai de carence Pôle emploi au terme duquel le salarié pourra bénéficier de ses allocations chômage correspond à la somme de ces trois délais, sachant que ces derniers sont exprimés en jours calendaires.

1 Le délai d’attente

Un délai d’attente de 7 jours, est appliqué systéma-tiquement avant le versement de l’allocation.

Toutefois, si ce délai a déjà été appliqué dans les douze derniers mois, Pôle emploi ne l’appliquera pas une seconde fois.

Par exception, les bénéficiaires du contrat de sécurisation professionnelle bénéficieront de l’allocation chômage à compter du lendemain de la rupture de leur contrat de travail.

2 Le différé lié aux congés payés

Les salariés concernés par ce différé sont ceux qui auront perçu une indemnité compensatrice de congés payés en raison du solde de congés acquis et non pris à la date de la fin du contrat.

Deux situations différentes doivent être distinguées pour le calcul de ce délai :

• En cas d’ouverture de droit ou de rechargement

Le différé est égal à la somme de toutes les indemnités compensatrices de congés payés versées à l’occasion de la fin d’un ou plusieurs contrats de travail des 182 derniers jours divisée par le salaire journalier de référence.

• En cas de reprise de droits existants

Le différé est égal au nombre de jours correspondant aux indemnités compensatrices de congés payés versées à l’occasion de la fin d’un ou plusieurs contrats de travail des 182 jours précédant la dernière fin de contrat. Si ce nombre de jours n’est pas connu, la formule de calcul est la même que pour un rechargement ou une ouverture de droits.

 

Existe-t-il une durée maximum pour le différé congés payés ?
Oui, ce différé ne peut pas dépasser un plafond de 30 jours calendaires.

Attention, par exception, ce différé n’est pas applicable aux bénéficiaires :
Du contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ;
De l’allocation des travailleurs indépendants (ATI).

Les indemnités liées aux RTT et à la liquidation d’un compte épargne temps ne sont pas intégrées dans le différé congés payés. Elles ne doivent donc pas être prises en compte dans son calcul.

Exemple pratique :
Une salariée a négocié une rupture conventionnelle, son contrat a pris fin le 31 mars.
La date de début des
différés est donc le 1er avril.
Elle a perçu 530 euros d’indemnités compensatrice de congés payés
Son salaire journalier de référence est de 38 €.
Le calcul de son différé congés payés est donc le suivant : 530 / 38 = 13,9 >
La durée du différé congé payés sera donc de 14 jours.

3 Le différé d’indemnisation spécifique

Le délai différé «  indemnités de rupture  » s’applique lorsque les indemnités versées à la rupture du contrat sont supérieures au montant de l’indemnité légale. Pour calculer ce différé il convient de diviser la partie des indemnités de rupture qui dépasse les montants fixés par la loi (indemnités supra légales) par 102,4. Ce diviseur évolue chaque année en fonction du plafond annuel du régime d’assurance vieillesse de la sécurité sociale (PASS).

Le salarié qui n’aurait pas perçu d’indemnités supra légales n’est donc pas concerné par ce différé spécifique d’indemnisation.

À quoi correspond l’indemnité «  supra-légale  » ?

Le Code du travail prévoit que l’indemnité de licenciement ou de rupture conventionnelle ne peut pas être inférieure à :

• 1/4 de mois de salaire par année d’ancienneté
 pour les années jusqu’à 10 ans ;

• 1/3 de mois pour les années d’ancienneté au-delà de 10 ans.

Par exemple : si l’indemnité conventionnelle versée est supérieure à l’indemnité de rupture minimum prévue par la loi, alors elle sera concernée par le différé pour sa partie qui dépasse l’indemnité légale. De même en cas de rupture conventionnelle si un salarié négocie un montant supérieur au minimum légal.

 

Existe-t-il une durée maximale pour le différé SPÉCIFIQUE ?

Oui, le différé «  indemnités de rupture  » ne peut pas dépasser 150 jours calendaires.
Attention, par exception en cas de licenciement économique, le différé ne peut pas être supérieur à 75 jours.

Par ailleurs, comme pour le différé congés payés, le différé spécifique n’est pas applicable aux bénéficiaires :
Du contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ;

De l’allocation des travailleurs indépendants (ATI).

Exemple pratique :
Une salariée a négocié une rupture conventionnelle, son contrat a pris fin le 31 mars.
La date de début des différés est donc le 1er avril.
Les indemnités de rupture qu’elle a réussi à négocier sont supérieures de 988 € au minimum légal qu’elle aurait dû percevoir.
Le calcul de son différé congés payés est donc le suivant :
988/102,4 = 9,64 > La durée du différé«  indemnités de rupture  » sera donc de 10 jours.

Schéma récapitulatif

Si l’on reprend l’exemple de notre salariée, son délai de carence Pôle emploi au total correspondra à la somme du délai d’attente, du différé congés payés et du différé «  indemnités de rupture  ».

La salariée devra donc attendre 31 jours entre la rupture de son contrat de travail et le 1er versement de son allocation chômage. Si elle s’est inscrite à Pôle emploi dès le 1er avril, elle sera indemnisée à partir du 2 mai.

 

Conseil Atlantes
À titre d’exemple, dans le cadre de la négociation d’une rupture conventionnelle, il peut être opportun de négocier avec l’employeur la possibilité de solder ses congés payés. Cela permet au salarié d’éviter de se faire payer des congés payés par le biais de l’indemnité compensatrice et lui évite de subir le différé lié aux congés payés. D’un commun accord, le délai de date de rupture convenu dans le formulaire de rupture peut être repoussé pour prendre en compte la période de congés payés pris par le salarié.
En conclusion, lors de la négociation d’une rupture de contrat de travail, il peut être opportun d’avoir recours à l’expertise d’un cabinet d’avocat afin d’être bien accompagné et d’éviter certaines déconvenues qui pourraient découler de cette rupture (parmi lesquelles on retrouve le délai de carence Pôle emploi).

 

Abdou-Paul bousso
Juriste – Paris idf

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Mise à jour :mercredi 17 avril 2024
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