A l’heure où chacun fait le constat que les arrêts de travail ne cessent d’augmenter, du fait sans doute de rythmes harassants, de conditions de travail dégradées et du relèvement de l’âge de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans, les députés viennent de réaliser un rapport dans lequel ils proposent de généraliser le travail du dimanche.
C’est en tout état de cause ce qui ressort de l’évaluation de la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques.
Il suffit de se souvenir des débats autour de ce sujet, il y encore peu, pour être de nouveau inquiet quant à ce type de démarche. Pour certains, travailler le dimanche est une obligation et non un choix. Pour d’autres, travailler le dimanche s’effectue sans contreparties financières ou en repos, alors que d’autres bénéficient d’avantages conventionnels non négligeable, négociés par les organisations syndicales suffisamment fortes pour éviter que le travail de cette journée ne s’apparente au retour de la « corvée ».
La grande loterie du libéralisme débridé continuera à produire quelques gagnants et de très nombreux perdants.
Mais qu’importe ! Ces derniers devraient déjà se satisfaire d’avoir un emploi… même le dimanche. Tant pis si cela use un peu plus leurs corps. Tant pis si cela déstructure les familles. Tant pis si l’on ne sait pas quels effets peut produire le travail de cette journée. Les rapporteurs regrettent en effet « de ne pas disposer d’études satisfaisantes complètes permettant de juger de l’impact de la création de ces ZTI (Zones Touristiques Internationales) sur le chiffre d’affaires et les emplois créés, ainsi que sur les commerces situés hors de ces zones ». Ce n’est guère rassurant d’autant que ceux-ci font l’impasse sur les impacts sur la santé des salariés ! Manque de données ou manque évident d’intérêt ?
Paris, entre autres, deviendra une ZTI unique. C’est plus « simple » parait-il, surtout pour les touristes puisque les ZTI doivent leur permettre de dépenser plus, y compris le dimanche, lors de leur passage dans ces zones. Les habitants de ces dernières prendront s’ils le peuvent le train en marche. Il n’est bien évidemment pas question de réfléchir à l’ouverture le dimanche des bibliothèques ou des services municipaux et publics puisque le but est de mettre en place un dispositif rentable permettant « l’épanouissement » des seuls consommateurs.
Les salariés de ces zones en seront également pour leurs frais si les directions des grandes enseignes de la distribution refusent de négocier des contreparties dignes de ce nom.
Ce projet de réforme nous paraît d’autant plus inquiétant que la loi de 2015 offrait par ailleurs aux employeurs la possibilité d’ouvrir les commerces jusqu’à minuit. Lorsque l’on sait combien les temps de trajet domicile/lieu de travail sont conséquents et couteux d’une part, et que les offres de transport sont limitées, voire inexistantes, le dimanche où passé une certaine heure, d’autre part, cette proposition nous paraît malvenue à plusieurs points de vue. Prendre son véhicule personnel en pleine nuit après plusieurs heures de travail augmente incontestablement les risques d’accidents. Prendre les transports en commun passé une certaine heure peut s’avérer anxiogène pour certaines catégories de salariés.
Là encore, il conviendrait de placer la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés au cœur du dispositif plutôt que d’avoir les yeux rivés sur l’évolution du PIB ou les succès du CAC 40. Mais peut-être que l’un ne va pas sans l’autre, et qu’il n’y a pas de succès économique sans dommages physiques, intoxication, burn out, maladie, accident ou suicide.
http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/evaluation_loi_croissance_activite_mic
Olivier CADIC,
Directeur département Assistance & Conseil
A l’heure où chacun fait le constat que les arrêts de travail ne cessent d’augmenter, du fait sans doute de rythmes harassants, de conditions de travail dégradées et du relèvement de l’âge de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans, les députés viennent de réaliser un rapport dans lequel ils proposent de généraliser le travail du dimanche.
C’est en tout état de cause ce qui ressort de l’évaluation de la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques.
Il suffit de se souvenir des débats autour de ce sujet, il y encore peu, pour être de nouveau inquiet quant à ce type de démarche. Pour certains, travailler le dimanche est une obligation et non un choix. Pour d’autres, travailler le dimanche s’effectue sans contreparties financières ou en repos, alors que d’autres bénéficient d’avantages conventionnels non négligeable, négociés par les organisations syndicales suffisamment fortes pour éviter que le travail de cette journée ne s’apparente au retour de la « corvée ».
La grande loterie du libéralisme débridé continuera à produire quelques gagnants et de très nombreux perdants.
Mais qu’importe ! Ces derniers devraient déjà se satisfaire d’avoir un emploi… même le dimanche. Tant pis si cela use un peu plus leurs corps. Tant pis si cela déstructure les familles. Tant pis si l’on ne sait pas quels effets peut produire le travail de cette journée. Les rapporteurs regrettent en effet « de ne pas disposer d’études satisfaisantes complètes permettant de juger de l’impact de la création de ces ZTI (Zones Touristiques Internationales) sur le chiffre d’affaires et les emplois créés, ainsi que sur les commerces situés hors de ces zones ». Ce n’est guère rassurant d’autant que ceux-ci font l’impasse sur les impacts sur la santé des salariés ! Manque de données ou manque évident d’intérêt ?
Paris, entre autres, deviendra une ZTI unique. C’est plus « simple » parait-il, surtout pour les touristes puisque les ZTI doivent leur permettre de dépenser plus, y compris le dimanche, lors de leur passage dans ces zones. Les habitants de ces dernières prendront s’ils le peuvent le train en marche. Il n’est bien évidemment pas question de réfléchir à l’ouverture le dimanche des bibliothèques ou des services municipaux et publics puisque le but est de mettre en place un dispositif rentable permettant « l’épanouissement » des seuls consommateurs.
Les salariés de ces zones en seront également pour leurs frais si les directions des grandes enseignes de la distribution refusent de négocier des contreparties dignes de ce nom.
Ce projet de réforme nous paraît d’autant plus inquiétant que la loi de 2015 offrait par ailleurs aux employeurs la possibilité d’ouvrir les commerces jusqu’à minuit. Lorsque l’on sait combien les temps de trajet domicile/lieu de travail sont conséquents et couteux d’une part, et que les offres de transport sont limitées, voire inexistantes, le dimanche où passé une certaine heure, d’autre part, cette proposition nous paraît malvenue à plusieurs points de vue. Prendre son véhicule personnel en pleine nuit après plusieurs heures de travail augmente incontestablement les risques d’accidents. Prendre les transports en commun passé une certaine heure peut s’avérer anxiogène pour certaines catégories de salariés.
Là encore, il conviendrait de placer la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés au cœur du dispositif plutôt que d’avoir les yeux rivés sur l’évolution du PIB ou les succès du CAC 40. Mais peut-être que l’un ne va pas sans l’autre, et qu’il n’y a pas de succès économique sans dommages physiques, intoxication, burn out, maladie, accident ou suicide.
http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/evaluation_loi_croissance_activite_mic
Olivier CADIC,
Directeur département Assistance & Conseil
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